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Si vous cultivez des tomates, vous connaissez certainement ce geste, presque un rituel, transmis de jardinier en jardinier : la suppression des « gourmands ». Cette petite tige qui pousse à l’aisselle entre la tige principale et une branche est vue comme une voleuse d’énergie, une pousse inutile qu’il faut éliminer pour garantir de belles et grosses tomates.
Pourtant, cette pratique est de plus en plus remise en question. Et si ce geste, que nous pensions indispensable, privait en réalité nos plants d’une partie de leur potentiel ? Certains jardiniers expérimentés ont décidé de ramer à contre-courant et de laisser ces fameux gourmands se développer.
Le dogme du jardinier que nous avons tous appris
Avant de briser la règle, comprenons-la. La théorie derrière la taille des gourmands est simple : en limitant le nombre de tiges, on force la plante à concentrer toute sa sève et son énergie vers la production de fruits sur la tige principale. L’idée est d’obtenir des fruits plus gros, mieux calibrés, et d’améliorer la circulation de l’air pour prévenir les maladies comme le mildiou.
Cette technique vise à canaliser la vigueur de la plante vers un objectif unique : la qualité et la taille des fruits. C’est une approche très interventionniste, où le jardinier sculpte la plante selon ses désirs. Mais la nature a souvent ses propres plans, et ils ne sont pas dénués de logique.
La raison scientifique pour laquelle plus de feuilles signifie plus de fruits
Un gourmand n’est pas une tige stérile. C’est une future branche qui portera ses propres feuilles, ses propres fleurs et donc, ses propres fruits. Or, les feuilles sont les panneaux solaires de la plante. C’est grâce à elles et à la photosynthèse que la plante produit l’énergie nécessaire pour vivre, grandir et fructifier.
JardinageComment le jardinage selon les phases lunaires a transformé mon jardin et ma pratiqueEn laissant les gourmands se développer, vous augmentez la surface foliaire de votre plant de tomate. Plus de feuilles signifie plus de photosynthèse, et donc plus d’énergie globale pour la plante. Cette énergie supplémentaire peut se traduire par une production de fruits beaucoup plus abondante. Vous aurez peut-être des tomates légèrement plus petites, mais le poids total de votre récolte sera souvent bien supérieur.
La protection naturelle que vous offrez à vos tomates
Avez-vous déjà eu des tomates qui présentaient des taches jaunes ou blanchâtres, comme un coup de soleil ? C’est ce qu’on appelle l’insolation, ou « cul noir » pour certaines variétés. Un feuillage plus dense, fourni par les gourmands que vous avez laissés, crée un parasol naturel qui protège les fruits des ardeurs du soleil estival.
De plus, l’acte de couper un gourmand crée une plaie sur la plante. Cette plaie est une porte d’entrée potentielle pour les maladies et les champignons. En ne taillant pas, vous évitez d’infliger ces blessures à vos plants, les rendant potentiellement plus résistants et moins vulnérables aux pathogènes.
Le tableau pour peser le pour et le contre de chaque méthode
La décision de tailler ou non dépend de vos objectifs et de vos conditions de culture. Il n’y a pas une seule bonne réponse, mais un choix à faire en connaissance de cause. Voici un résumé pour vous aider à décider.
Méthode | Avantages | Inconvénients |
---|---|---|
Tailler les gourmands (Classique) | Fruits plus gros, meilleure aération (théorique), aspect « propre ». | Moins de fruits au total, risque d’insolation, création de plaies. |
Laisser les gourmands (Naturelle) | Récolte beaucoup plus abondante, protection solaire naturelle, moins de travail. | Fruits potentiellement plus petits, nécessite un tuteurage plus solide. |
L’importance cruciale de connaître votre type de tomate
Toute cette discussion prend tout son sens quand on distingue les deux grands types de tomates. Les tomates à croissance déterminée (marquées « determinate » en anglais) poussent jusqu’à une taille définie, produisent tous leurs fruits en même temps, puis leur cycle s’arrête. Sur ces variétés, il ne faut jamais enlever les gourmands, car vous réduiriez drastiquement votre unique récolte.
Pour les tomates à croissance indéterminée (« indeterminate »), qui poussent et produisent en continu toute la saison, le débat est ouvert. C’est sur celles-ci que vous pouvez choisir de tailler pour contrôler leur croissance exubérante ou de laisser faire la nature pour maximiser le rendement.En conclusion, la suppression systématique des gourmands est loin d’être une loi universelle. C’est une technique parmi d’autres, avec ses avantages et ses inconvénients. Laisser vos plants se développer plus naturellement peut non seulement vous offrir des récoltes plus généreuses, mais aussi vous faire gagner du temps et vous reconnecter à une manière de jardiner plus instinctive.
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